Ce site est aussi une trousse à outils. Nous vous y proposons quantité de ressources qui peuvent nourrir votre action, qu’elle soit singulière ou collective : des pistes de travail et de réflexion, des propositions d’ateliers, des références en images ou non, etc.
N’hésitez pas à flâner, à butiner et à vous frayer un chemin. Les arts développent une histoire, un vocabulaire, des pratiques, des techniques, des codes et des conventions. Leur connaissance augmente l’attention à ce qui nous entoure et permet, peut-être, d’agir de manière plus libre et consciente.
L’invitation vous paraît énigmatique ? C’est normal ! Nous la concevons pour intéresser, mais aussi pour surprendre et donner à réfléchir. Des pistes et des repères sont proposés plus bas pour vous aider à concevoir votre propre réalisation. Vous pouvez les consulter, les essayer, en parler avec d’autres ou simplement y rêver. Les possibilités sont infinies. Des informations données via nos réseaux sociaux complètent cette offre.
L’invitation du 20 mars 2025 est : « Du papier, des papiers, vos papiers ». Une invitation définit ce qui est à faire ensemble à l’occasion d’une Grande Lessive®. Son libellé bref et énigmatique éveille curiosité et réflexion. Chaque invitation questionne des pratiques de tous registres et engage à abandonner les représentations toutes faites. La coopération indispensable à une manifestation d’art participatif impose de ne pas la modifier et d’accepter de cheminer avec d’autres personnes à partir de ce référent commun.
Au terme d’un processus créatif, une réalisation suspendue au fil de La Grande Lessive® développe ainsi une identité propre en laissant deviner une même impulsion. Des réalisations issues d’approches et de médias différents (photographie, image numérique, dessin, peinture, etc.) dialoguent alors au sein d’une installation éphémère. Et, le regard qui s’y intéresse, interroge à son tour l’invitation initiale afin d’ébaucher d’autres possibles.
Une piste permet de passer de l’inaction à l’action et, donc, de commencer un travail artistique. Elle offre aussi un support à la réflexion, oriente des recherches. Les pistes données ici ne sont pas faites pour imiter plus ou moins maladroitement une oeuvre ou un artiste, mais pour conduire chacun à découvrir sa propre manière de faire. De ce fait, elles ne sont pas des modèles à suivre tels quels ni à prescrire, mais des propositions.
Réservées à un usage personnel, ces pistes sont régies par la propriété intellectuelle. Toute diffusion sur tout type de support (site, document de stage, etc.) doit faire l’objet d’une convention avec l’association La Grande Lessive® et d’une rétribution.
Une méthode ?
La Démarche créative débute par le questionnement de l’invitation. Quels mots ? Quelle expression ? Quelles significations pour les plus jeunes ou des adultes ? Cette invitation change à chaque « Grande Lessive » afin d’investir différents registres et problématiques des Arts plastiques. De la diversité des voies investies dans le respect de la proposition initiale naissent la coopération, le partage de connaissances et de compétences, de même que la portée sociale et artistique de cette entreprise collective.
Un projet coopératif ?
Il s’agit de concevoir, un même jour tout autour de la Terre, une installation artistique éphémère au moyen de fils, de pinces et de réalisations de format A4 conçues à partir d’une invitation commune. Cette installation se réalise en extérieur. Son agencement demande d’envisager l’invitation du moment, les contraintes météorologiques, techniques et de sécurité, l’intervention et le déplacement de, personnes, etc. Comme chaque réalisation individuelle contribue à une oeuvre collective issue de la coopération, le respect de l’invitation initiale est primordial. C’est pourquoi les pistes ne reformulent pas, mais la questionne.
Un repère sert à s’orienter. Dans l’histoire des pratiques artistiques et des œuvres, dans la vie de celles et ceux qui les créent, nous en choisissons quelques-uns afin d’accompagner chaque invitation de La Grande Lessive®. Cette approche complète les pistes, les éclaire et avive la curiosité indispensable à toute Démarche créative. Les repères partagés ici s’ajoutent à votre propre récolte et à celles à venir, tant il existe de repères et d’aventures dans l’espace et le temps.
C’est dans les années 1970, que s’invente et se développe le concept d’« art participatif » . On désigne ainsi un type d’art qui n’est plus le seul fait de l’artiste, mais qui, dans sa conception et/ou sa réalisation, engage des participantes et des participants.
Les œuvres ainsi faites à plusieurs sont multiples : elles peuvent être réalisées dans un seul ou plusieurs lieux, à un seul ou plusieurs moments, faire l’objet d’une Création durable ou éphémère, être impulsées par une ou un artiste ou un Collectif, être signées ou anonymes.
L’art participatif remet en cause une croyance très ancrée : celle selon laquelle l’art est le pur fruit du travail d’un créateur (et plus rarement d’une créatrice) démiurge.
À bien y réfléchir, pourtant, les démarches collaboratives en art sont depuis des siècles monnaie courante : pour mener à bien des tâches qu’ils jugent fastidieuses ou qui excèdent leurs compétences, les artistes s’entourent souvent de spécialistes, de techniciennes et techniciens, etc. Aujourd’hui, par exemple, Jeff Koons ne réalise pas ses œuvres lui-même, mais délègue le travail à des assistants qualifiés. On peut aussi se poser cette question : qui réalise l’œuvre, l’artiste ou le regardeur ? Est-ce que quand je contemple un travail artistique, je le modifie par mon regard et ma pensée ? De ce fait, ne devient-il pas aussi le mien ? Marcel Duchamp, un artiste fameux, a pu dire ainsi, en forme de boutade : « Ce sont les regardeurs qui font les tableaux ».
Avec l’art participatif, un pas de plus est franchi : celles et ceux qui regardent sortent d’un rôle contemplatif pour à leur tour mettre –avec d’autres– la main à la pâte.
Ce qu’on nomme installation, en art, nait dans les années 1960 aux États-Unis et en Europe. Il s’agit d’œuvres qui se déploient dans l’espace, en extérieur ou en intérieur, et qui donc modifient en partie ou totalement cet espace. L’installation mêle souvent différents mediums : le dessin, la peinture, la vidéo, le son, la sculpture, etc.
Il s’agit de vivre une expérience différente de celles offertes en général par les œuvres d’art. Nous ne sommes en effet plus face à l’œuvre, mais à l’intérieur d’elle. On pourrait même dire que nous faisons partie d’elle. De ce fait, la vue n’est plus toujours le seul sens sollicité : on voit mais il arrive aussi qu’on entende, qu’on sente et qu’on puisse toucher. Et nos corps deviennent actifs (on marche, on s’assied, on s’allonge, etc.) : ils peuvent alors devenir objets d’observation ou d’expérimentation. Parfois, l’artiste nous invite à participer : à explorer, à faire une expérience théâtrale, à écrire, à se souvenir ou à dessiner, à chuchoter…
Immersive ou théâtrale, contemplative ou participative, l’installation comme œuvre d’art change en fonction des mutations technologique, politique et formelle. Mais la spectatrice ou le spectateur se trouve toujours au centre.
Nous vivons souvent avec l’idée qu’une œuvre d’art se doit d’être éternelle ou tout au moins qu’elle doit survivre très longtemps. Cette idée nous vient d’une conception classique qui perdure encore aujourd’hui : à la nature, à la vie toujours fugaces, l’art offre la durée et la pérennité. Pourtant, l’éphémère est une part importante de l’art. C’est que les œuvres sont – comme tout objet – parfois trop fragiles pour durer. C’est le cas, surtout, de celles (nombreuses à partir de la seconde moitié du 20e siècle), qui sont réalisées avec des éléments naturels ou des matériaux qui ne sont plus conçus pour durer.
Et il arrive aussi que, pour répondre au monde nouveau hérité des révolutions industrielles, certains artistes revendiquent l’éphémère de l’œuvre plutôt que sa pérennité. En 1911, Filippo Tommaso Marinetti, l’inventeur du futurisme (un groupe d’artistes et de poètes italiens) pouvait ainsi écrire : « À la conception de l’impérissable et de l’immortel, nous opposons, en art, celle du devenir, du périssable, du transitoire et de l’éphémère. »
Sur cette lancée, à partir des années 1960, des œuvres seront nommées « happening » ou « performance ». Proches du théâtre, ces œuvres en auront le caractère nécessairement fugace.
En 1986, l’artiste Daniel Buren pointe toute la beauté d’une conception éphémère de l’art : « Toutes les œuvres devraient avoir l’ambition d’être éphémères. Éphémère en ce sens veut dire : ne pas avoir la prétention que ce que l’on fait va automatiquement intéresser qui que ce soit aujourd’hui et encore moins dans les générations futures. C’est accepter qu’un éclair peut se graver dans la mémoire tout autant qu’une pyramide ».
Le concept d’« art contemporain » apparaît officiellement au début des années 1980, mais naît avant, dans les années 1960. Il définit alors de nouvelles formes et pratiques artistiques, en lien plus ou moins direct avec un monde nouveau, celui hérité de la société de consommation. Les images, les objets, les matériaux de la vie quotidienne entrent dans les œuvres et l’art se rapproche parfois de domaines dont il était jusqu’alors séparé : le design, les affaires, la publicité, la science, la musique, la communication, par exemple. Conséquence : l’art se diffuse hors des lieux qui lui étaient jusqu’alors dévolus. De même, il commence à se mondialiser.
S’ensuit une diversité où peuvent désormais faire art, à côté des formes plus classiques, des productions ouvertes à toutes sortes de nouveaux domaines, et souvent inattendues.
Le concept d’art contemporain est toujours utilisé aujourd’hui pour désigner les pratiques artistiques émergentes. Cependant, il peut paraître daté et en critique et en esthétique, on préfère parfois parler d’« art actuel ».
Créons du lien