Une sélection restreinte de Repères est proposée ici afin de susciter réflexion et Création. Avant de les découvrir et pour leur donner du sens, la lecture de l’Invitation est conseillée.

Le pays du roi Brahmâ, Bnf, DR

Une brève histoire du papier

Le papier est né en Chine, sans doute au 2e siècle de notre ère. « Vénéré comme le patron des papetiers, Cai Lun, un eunuque de l’Office des armes et des outils, avait « eu l’idée d’utiliser de l’écorce, du chanvre, des chiffons et des filets de pêche pour fabriquer du papier ». Sa biographie officielle précise qu’il avait présenté son invention à l’empereur Han Hedi, en 105 de notre ère, et qu’il en fut loué et récompensé ». (source Bnf).

Ce procédé servira longtemps de référence. Le papier se substitue alors aux lamelles de bambou ou de bois et à la soie, et devient un support d’écriture important.  Il arrive au Moyen-Orient au 8e siècle, puis en Occident au 10e siècle où il se développe vite et détrône le parchemin. Bien plus tard, le 18 janvier 1799, Louis-Nicolas Robert dépose le brevet de la machine à papier en continu, capable de produire autant que dix hommes. C’est le début du papier industriel que nous connaissons.

Et avant ?

Avant le papier, on dessinait et on écrivait sur toutes sortes de supports : pierre, os, argile, papyrus, parchemin, etc.

Livre des morts au nom de la dame Ânkhesenaset, Thèbes, 1100-950 av J-C, Bibliothèque nationale de France, DR (Un papyrus funéraire, appelé communément Livre des morts, était déposé dans la tombe pour permettre au défunt de revivre dans l’au-delà)

Un matériau fragile

Parler du papier, c’est, du fait de sa fragilité, parler de ses conditions de conservation. Si on veut le conserver, il faut être attentif à la température (entre 16 et 22 °C), au taux d’humidité (autour de 10%), mais aussi à la lumière qui doit être indirecte et faible, car elle casse les fibres et efface les encres. Ces particularités expliquent la présence d’instruments de mesures dans les musées et bibliothèques.

En conséquence, il est préférable de conserver les papiers auxquels on tient dans des boites solides, en carton neutre, et d’éviter les pochettes plastiques et cartonnées, souvent acides, le ruban adhésif, les colles blanches, les épingles, les trombones en fer, etc.

Enregistreur Thermo – Hygrographe – mouvement Quartz, DR

Le Format A4 : standard le plus utilisé dans le monde

Le Format A4 a pour dimension 210 x 297 mm. C’est un format rectangulaire dont les proportions sont conservées quand on le découpe, parallèlement à son petit côté, en deux parties égales.

Il a été défini par l’Institut allemand de normalisation (DIN 476, 1922). La France et de nombreux pays l’ont adopté en 1967. En 1975, il est devenu, à la fois, la nouvelle norme de l’Organisation internationale de normalisation et le format officiel des Nations unies. En France, il s’est substitué au format 21 x 27 vers 1970. Les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Vénézuela, le Chili et la Colombie utilisent un format différent appelé Us Letter mesurant 215,9 x 279,4 mm. Le fait que ce format soit le plus utilisé au monde explique son utilisation lors de La Grande Lessive®.

Feuille et rouleau

Le plus souvent, aujourd’hui, le papier se présente sous forme de feuille. Cependant, il n’en a pas toujours été ainsi. Le papier, en Chine et au Japon, pouvait traditionnellement se déployer sous forme de rouleau horizontal ou vertical.

Rouleau poétique, Japon, premier quart du 18ème siècle, soie, papier, or, argent, 32,4 x 949,2 cm, Musée Guimet. DR

Ce rouleau est une sélection de poèmes tirés d’une anthologie composée en 1201. Les caractères, en « écriture éparse », se détachent sur un fond végétal de fougères, d’herbes folles et de glycines. Il porte au revers de chaque feuille le sceau de papetier de Kamishi Soji, actif avec Koetsu et Sōtatsu dans le village-phalanstère de Takagamine. C’est là que naquit, il y a juste quatre siècles, l’art Rinpa, à la source d’une esthétique japonaise toujours moderne, mêlant hasard et liberté créatrice.

La page : espace créatif

En 1897, le poète français Stéphane Mallarmé écrit Un coup de dés, un texte réalisé pour jouer avec le vide de la page, de même qu’avec la typographie et la taille des lettres. Ainsi, le texte n’est plus seulement texte, mais aussi image.

Stéphane Mallarmé, Un coup de dés, 1897, extrait, DR

Du support grossier à la reconnaissance artistique

Dans l’histoire de l’art, le papier n’a pas toujours bonne presse. Il a souvent été considéré comme un support trivial, consacré aux essais, aux esquisses, tandis que la toile accueillait les travaux achevés, dignes d’être considérés comme des œuvres.

À partir du début du 20e siècle, le Regard change : le papier est désormais considéré comme un support digne d’intérêt.

Léonard de Vinci, Homme de Vitruve, encre sur papier, 24,5 x 34,3 cm, vers 1492,
Gallerie dell’Accademia de Venise, DR

Inventeur et inlassable chercheur, Léonard de Vinci n’a réalisé que 22 tableaux, mais de nombreux dessins souvent annotés où ses recherches sont rendues visibles.  Ici, il s’inspire d’un traité d’architecture antique rédigé par Vitruve, où ce dernier décrit un corps humain idéal pouvant servir d’unité de mesure pour construire des édifices.

Impossible ici de citer tous les temps forts de l’utilisation artistique du papier ! Retenons seulement les papiers collés introduits dans le tableau par les artistes cubistes au début du 20e siècle. Nous vous faisons confiance pour en trouver quantité d’autres !

Juan Gris, Le petit déjeuner, 1914, gouache, huile, crayon sur papiers imprimés découpés et collés sur toile avec huile et crayon, 80.9 x 59.7 cm, MOMA New-York, DR

Quand le papier devient volume

Le papier se façonne d’innombrables manières. Les livres Pop-up et les origamis popularisent certaines de ses métamorphoses. Parmi les œuvres contemporaines, nous attirons votre attention sur deux démarches, en rappelant toutefois que le volume n’est pas adapté aux étendages en plein-air un jour de « Grande lessive ».

Alighero Boetti, dont vous avez pu découvrir une œuvre réalisée au stylo-bille dans les Pistes, accumule des feuilles (napperons pour la restauration) afin d’édifier des colonnes. Il fait passer le papier de deux dimensions à trois et donne ainsi à la colonne supposée solide une apparence fragile.

Alighero Boetti, Colonne, 1968, napperons en papier, noyau de fer, 1968, 5 éléments
183×27,3×18,2cm, 196,7x24x24cm, 201,3x16x16cm. DR.